Première rencontre

Publié le par La Revue Anima

Un après-midi ensoleillé. L’air s’allonge de passer par la feuillée et la vapeur fraîche d’un ruisselet. Cet instant est la bonne surprise d’une sortie en groupe. Toute cette bonne humeur, c’est aimable.
Peu de bonimenteurs, peu de débatteurs.
Tout d’abord c’est une ombre plus propice qui attire au bord du monde. Deux presque inconnus se côtoient dans le même refuge, se supportent peut-être. Le hasard est venu de tenter l’aparté. Du havre imprévu vient l’improbable seuil.
« Ce que disait Sénéchal tout à l’heure…
- Je pensais justement la même chose ! »
Ou bien : « Il doit bien me rester quelques bonbons à la violette ?... »
Ce moment vient d’être dérobé à sa destination première. Au cours de l’escapade, toute imaginaire, la silhouette d’un partenaire vient d’apparaître soudainement de par la vaste foule. Dans la distraction les barrières n’avaient pas été baissées ; chacun se surprend tel qu’il est, sans pose ni discours. Le hasard est venu de faire des gaffes.
Qui est celui qui me parle ? Un accident vient de mettre deux sincérités face à face. Sous les graviers, le bitume, voilà que le promeneur découvre un vieux réseau de racines qui vient de l’intriguer, avant de buter dessus.
La surprise pourra donc s’apprécier, ou agacer. De quel côté la gratuité de l’instant, l’intuition, la conviction, ou seulement l’indulgence, feront-elles pencher la branche ?
Déjà le fugace instant s’évanouit comme le goût d’une paumée prise à la source. Dans la hâte, la tension de la marche, que demeurera la douceur de la halte ? Es-tu promeneur, randonneur, nomade ? Libre à toi ou pas… Son voisinage te fera revenir ; sa plénitude te ressouvenir ; sa fuite te rembrunir avant de reprendre souffle à la prochaine halte, à n’en plus pouvoir.

Arnaud Dhermy

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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