La geste de Gauvain

Publié le par La Revue Anima



Adieu forêt aux yeux funestes, Gauvain ne quêtera plus la geste épiant son salut, hérissonnant sa lance.
Adieu forêt, Gauvain est partance;
tu peux le dire à ceux l'ayant vu, doux ainsi qu'une offense, rêver son épée, charger tout ce qui vécut contre sa parole.
L'acier des hauberts, mon âme jadis en raffole.
Mais aujourd'hui, point d'ennemi.
Gauvain s'en va à la suite de sa vie.
Bel ami, tes armes déjà reposent,
et les dames amourées depuis grand temps, sur toi, se sont closes.

Tu rêves encore à celle, de bleu envêtue,
laquelle parut un soir alors que la sylve déjouait ta chevauchée têtue;
"Belle, rendez-moi la lumière
qu'Eve évadée de Paradis a faite prisonnière...
Dites-moi, savez-vous quelque chose à oser
à quoi demain mon âme se pourrait fiancer ?
Mais voici l'heure de rosée, le soleil donne de l'oliphant,
déjà le jour me jette son gant."

Il est fourvoyé, le prince dont j'avais l'habitude,
l'âme me manque, dernière neige chutée avant le printemps de la solitude.
Une femme sombre travaille derrière moi
et dans les taillis j'entends qu'elle décharne sa voix.
Son nom met en fuite les lèvres de ses élèves, tandis que le pays qu'elle enseigne, de l'hiver, regagne les pas.
La dame obscure demande le costume de sa loi aux sables dévêtus
et les livres qu'elle aime ne m'ont pas encore lu.

Mais je pense à vous, belle douce amie, qui m'avez hissé hors de déchéance :
votre mystère en chair s'évertue, cependant que la nuit ne se souvient pas de mon corps.
L'espérance procure sa danse dernière lorsque l'inadmissible aurore ne m'admettra plus.
Chère, voulez-vous que je cherche, et bien avant l'enfance,
l'époque tirée au clair dont l'âge fomente l'issue ?


                                  Claude Hardy, avril 2008

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