Complainte Rutebeuf

Publié le par La Revue Anima

Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés ?
Je crois qu’ils sont trop clairsemés
Ne furent pas bien plantés
Et se sont gâtés
Ces amis-là m’ont maltraités
Car jamais de tout le temps
Que Dieu m’a assailli
De tous les côtés
Je n’en vis un dans ma maison
Le vent je crois les a ôtés
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Et le vent les emporta
Nul ne me consola
Nul ne m’apporta
Un peu de sa fortune
Ainsi je l’apprendrai
Le peu que l’on possède
Un familier vous le prend
Bientôt on se repend
D’avoir tant dépensé
A se faire des amis
Car on n’en trouve pas un demi
Sincère à vous porter secours
Ainsi je laisserai la fortune
Suivre son cours
J’irai tout seul à mon secours
Si seulement il est possible

 
 
 
D’après Rutebeuf (XIIIe siècle - mort vers 1285), in Les Poèmes de l’Infortune
 
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