Adieu à l'Alban Berg Quartett

Publié le par La Revue Anima

sous-20bois-20printemps-copie-2.jpg
 

Il y a quelques semaines passait au Théâtre des Champs-Élysées le quatuor Alban Berg au cours de sa tournée d’adieu. J’ai beau compter les années, considérer la date des enregistrements de ma phonothèque, l’impression quand même est que c’est passé trop vite, et que le monde de la musique de chambre romantique ne s’est pas lassé d’aller s’abreuver jusqu’à cette Jouvence-là, à travers des parages d’enchantement..

Car c’est un univers à lui tout seul que le Quatuor Alban Berg (ABQ) semble exprimer, et qu’aucune autre formation n’éveille de la sorte. Curieux parrainage, d’ailleurs, que celui du compositeur viennois du XXe siècle ; alors que l’Histoire retiendra sans doute cet ensemble sur un répertoire allant plutôt de Haydn à Brahms, et aussi, surtout, pour la grâce infinie de ses interprétations des œuvres de maturité de Beethoven et Schubert.

Lors d’une discussion passionnée, un amateur truculent évoquait l’emphase de leur expression, et nous évoquions cette génération frondeuse qui, avec Harnoncourt par exemple, risquait leur volonté à faire, avant tout, autre chose.

Autre chose ; ailleurs. Ce fut cet ailleurs qui m’attacha. Il suffisait d’entendre une œuvre jouée par l’ABQ pour qu’elle ne se laisse ensuite apprivoiser qu’à sa cadence, qu’elle ne vous permette plus de la goûter autrement. L’œuvre était tout simplement enchantée, et l’ABQ ne vous la rendait vivante qu’à travers lui.

L’ensemble Alban Berg Quartett a fondé l’ambiance de mes premières escapades musicales, de mes premiers essais esthétiques sincères. Et j’ai été particulièrement touché de voir le 15e Quatuor de Schubert figurer sur son programme de concert d’adieu. Ses cordes retenues, calmes, sont pour moi une rêverie, à l’amble, en sous-bois ; un souvenir précieux du temps où mes équipées étaient solitaires et chevaleresques ; une songerie si justement schubertienne, entre assoupissement et angoisse.

Et le pèlerinage intérieur, amorcé dans le 15e Quatuor au hasard des halliers frais et de prés calmes, ensuite put prendre en tension, du côté de la Jeune fille et la mort, ou du Quartettsatz, et me donna un précieux accent de progression sur une longue, ample, quête du Graal.

L’image émanant littéralement des quatuors de Schubert, comme de ceux de Beethoven, a toujours emprunté en moi au feuillage luxuriant, au souffle tiède passant entre les branches. Et à traverser sa grêle ou son orage, je n’ai jamais pu goûter un quatuor de Beethoven sans ouvrir la fenêtre et regarder au lointain.

 

Arnaud Dhermy

 

 

On peut prolonger cet avant-goût par un beau texte dans L’Isola disabitata et un autre dans Le Figaro, par Christian Merlin

 


et sur Youtube, 

 

La Jeune fille et la mort, de Schubert :

http://fr.youtube.com/watch?v=2Yy9szBIKCw&feature=related

http://fr.youtube.com/watch?v=SdCJRqH_IqU&feature=related

http://fr.youtube.com/watch?v=rQwVVH9YbcI&feature=related

http://fr.youtube.com/watch?v=5hycEG1PkjA&feature=related

http://fr.youtube.com/watch?v=aYmEp3QhrKs&feature=related

http://fr.youtube.com/watch?v=gW57vTzNCGg&feature=related

 

son Quartettsatz (début) :

http://fr.youtube.com/watch?v=hNZjyNTx6vw

http://fr.youtube.com/watch?v=MKNzN1sleI4&NR=1

 

La Grande Fugue, de Beethoven :

http://fr.youtube.com/watch?v=n68WBx91nQE

http://fr.youtube.com/watch?v=bhM6Vrd8CP4&feature=related

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article